Le Comité Intersyndical des Greffiers et des Agents de la Justice (SYNAJ-SGB) et le Syndicat intersyndical des syndicats de la Magistrature ont annoncé la suspension de leurs activités juridictionnelles à compter du mardi 27 janvier 2015. La décision a été prise ce mercredi 28 janvier lors d’une conférence de presse au Centre Nationale de Presse Norbert Zongo.
Toutes les activités juridictionnelles sont suspendues sur l’ensemble du territoire national jusqu’à nouvel ordre. Ainsi en ont décidé les syndicats de magistrats et de greffiers du Burkina Faso. C’est une réaction suite à l’encerclement d’un magistrat le mardi 27 janvier dernier par des démarcheurs pour exiger la libération de leur camarade. Le camarade en question, Éric OUEDRAOGO, est détenu à la Maison d’Arrêt et de Correction de Ouagadougou (MACO) pour corruption.
Les démarcheurs sont communément appelés des ‘’margouillats’’ et mènent des activités lucratives aux alentours des différents palais de justices. Ils exercent entre autres les activités comme le commerce de timbres, de demandes manuscrites dûment remplies, et le rôle d’intermédiaire entre les citoyens et les agents de la justice pour la transmission des dossiers. C’est justement dans ce dernier cas que l’affaire du démarcheur Éric OUEDRAOGO est survenue.
Le fait remonte à une dizaine de jours où ce dernier a accosté un magistrat pour lui proposer de l’aider à obtenir un casier judiciaire avec une somme faramineuse de 7000 francs. Alors que le coût réel tous frais compris est de 525 francs. Ainsi, ce dernier a été interpelé puis mis sous mandat de dépôt et son jugement est attendu dans les prochains jours. Aussi, les représentants des démarcheurs ont formulé au procureur du Faso des doléances relatives à la libération de leur camarade. Ceux-ci se disent déterminés à prendre en otage des acteurs de la justice si leur requête n’a pas été satisfaite.
C’est face à ces menaces d’agression et de violence des acteurs dans les palais de la justice que les magistrats et greffiers ont lancé leur mot d’ordre de suspension d’activité. Les syndicats du secteur de la justice revendiquent des mesures sécuritaires dans les locaux des palais de justices. Cependant, notons qu’il y a une sorte de complicité interne entre certains acteurs de la justice et les démarcheurs. Toutes chose qui contribue à pérenniser les activités des ‘’margouillats’’.
Le secrétaire général des syndicats de magistrat Karfa GNANOU et ses camarades « invitent toutes les organisations syndicales de lutte contre la corruption à soutenir les initiatives de démantèlement des réseaux de petite corruption installés autour des palais de justice avec certainement des complicités internes ». Ces derniers condamnent fermement tout acte injuste qui touche à l’indépendance de la justice. Pour eux, au Burkina Faso « on entre dans un palais comme on entre dans un moulin, car certains palais n’ont pas la moindre clôture», synonyme de manque de sécurité.
Par ailleurs, tout citoyen doit dorénavant savoir frapper à la bonne porte pour l’établissement de ses pièces judiciaires, au lieu de se confier aux ‘’margouillats’’. En tout état de cause, pour une transition réussie, il est temps d’en finir avec les actes de corruption de toute nature, car la justice est le nerf de guerre de tout système démocratique.
Noufou OUEDRAOGO
Laisser un commentaire