Quelques jours après l’insurrection populaire qui a amené Blaise COMPAORE a quitté le pouvoir, l’Union Africaine a donné deux semaines à l’armé burkinabè pour transférer le pouvoir aux civils. Quant à la CEDEAO, elle a envoyé des émissaires pour s’entretenir avec les forces vives de la nation pour une sortie de crise. L’intervention de ces organisations panafricaines relève de leur devoir d’aider à un maintien de la paix et de la stabilité au « pays des hommes intègres », et par ailleurs en Afrique. Cependant, cette intervention n’est pas en phase avec les engagements et les traités de ces organisations, puisque selon ceux-ci, il faut travailler à empêcher le déclanchement des crises dans les pays membres.
15, jours ! C’est le délai que l’Union Africaine a donné aux militaires burkinabè pour rendre le pouvoir aux civils, si non le Burkina pourrait tomber sous les coups de ses sanctions. Cette réaction de l’Union Africaine se justifie d’autant plus qu’elle considère que c’est suite à une insurrection populaire que l’ancien président Blaise Compaoré a quitté le pouvoir. Donc le pouvoir doit être au peuple et non à l’armée, puisque dans ce dernier cas, on se retrouverait dans une situation de coup d’Etat alors que selon l’article 30 de l’Acte constitutif de l’Union africaine, « les changements anticonstitutionnels de gouvernement sont condamnés et rejetés ». « Les Gouvernements qui accèdent au pouvoir par des moyens anticonstitutionnels ne sont pas admis à participer aux activités de l’Union ».
.Alors les sanctions que peuvent encourir ces gouvernements sont la suspension pure et simple de l’institution ou l’arrêt temporaire ou définitive des aides financières. Sur les fondements de cet article, on peut donner raison à l’institution. Cependant, on peut lui reprocher d’intervenir le plus souvent en sapeur-pompier. Elle laisse les choses s’envenimer avant de penser à prendre ses responsabilités. Par exemple la crise que vit le Burkina actuellement a des origines lointaines. L’Union Africaine aurait pu faire usage de ses prérogatives légales et légitimes pour intimider l’ancien président Blaise Compaoré dans ses velléités de modification de l’article 37 de la constitution burkinabè. En effet, l’article 3 de l’acte constitutif de l’UA stipule que « (…) l’UA a pour objectif de promouvoir les principes et les institutions démocratiques, la participation populaire et la bonne gouvernance » ; Et l’article 4 lui confère « le droit d’intervenir dans un Etat membre sur décision de la Conférence, dans certaines circonstances graves, à savoir : les crimes de guerre, le génocide et les crimes contre l’humanité ». C’est vrai que le Burkina n’était pas dans une situation de crime de guerre, ni de génocide, mais le projet de révision constitutionnel qui divisait profondément les Burkinabè pouvait conduire à de pareilles circonstances.
Malgré l’existence du Conseil de Paix et de Sécurité ( CPS) comme institution de l’UA, qui a le pouvoir, entre autres, d’autoriser des missions de soutien de la paix, d’imposer des sanctions en cas de changements inconstitutionnels de gouvernement, et de prendre des initiatives et des actions jugées appropriées en réponse à des conflits en cours ou potentiels, on a pu voir ce qui s’est passé en Côte d’Ivoire, au Mali et tout récemment en Centrafrique. Cela dénote de l’incapacité de l’UA de respecter ses engagements et de défendre les valeurs qu’elle prône.
L’UA n’est d’ailleurs pas la seule institution à rester muette face à des situations désastreuses que beaucoup de gens voient venir. A ce titre on peut citer la CEDEAO (Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) qui a aussi des réactions timides, si non même pas, face à certains événements. Le paragraphe 1 de l’article 3 du traité de la CEDEAO stipule que : « la communauté vise à promouvoir la coopération et l’intégration dans la perspective d’une Union économique de l’Afrique de l’Ouest en vue d’élever le niveau de vie de ses peuples, de maintenir et d’accroitre la stabilité économique, de renforcer les relations entre les Etats membres et de contribuer au progrès et au développement du continent africain. »
Par là on comprend que la CEDEAO a des visées de développement économique et de bien être des populations des pays membres. Mais ces objectifs ne peuvent être atteints que dans une situation politique stable et une Zone sécurisée. Ce qui est déjà fait en matière de sécurité est salutaire même si beaucoup de choses restent à améliorées. On note par là, la Brigade de Surveillance du Cessez-le feu de la CEDEAO. Mais pourquoi une brigade d’un cessez-le feu et non pas « une brigade de prévention du feu » ? C’est là toute question !
La CEDEAO ne doit pas attendre qu’un chef d’Etat mette le feu dans son pays avant qu’elle ne se mobilise pour l’eteindre. La libre circulation des personnes et des biens, le développement éconmique et le bien être des populations qu’elle prône se font dans des pays démocratiquement stables et dans des espaces économiques saints.
La CEDEAO et L’UA doivent se doter de moyens éfficaces qui leur permettront de s’assumer et de travailler en amont afin de prévenir les crises. Les textes qui sont en vigueurs doivent être revus pour une prise en compte de certaines réalités comme l’aspiration des peuple à la démocratie, la mauvaise volonté de certains chefs d’Etat de tripatouiller les constitutions, la monté du térrorisme, le grand banditisme, etc. Intervenir d’accord, mais prévenir d’abord !
Valentin MANO
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