Insurrection populaire au Burkina Faso : Les journalistes face à leur responsabilité sociale

L’insurrection populaire du 30 octobre ayant abouti à la chute du régime de Blaise a sans doute été l’un des baromètres de la liberté de la presse au Burkina. Au niveau national ou international aucun media ne voulait rater la moindre information sur le déroulement des événements. Reportages, interviews, communiqués officiels, flashs, etc. les medias ont pris des dispositions supplémentaires pour traiter et diffuser les informations en temps réel.

Le journaliste burkinabé a plus que jamais conscience de son rôle à jouer dans la société. En remontant le cours des événements qui ont abouti à la chute du Président Blaise Compaoré, l’on peut affirmer que les medias burkinabé ont, de façon générale, pleinement joué leur rôle d’information de façon responsable dans la crise politique qui couvait depuis quelques temps. En effet pendant plus d’une année, pratiquement tous les médias ont rendu compte des différents événements politiques (marche, meeting, congrès, etc.) organisés aussi bien par la mouvance présidentielle que par l’opposition. Evènements qu’ils n’ont pas manqués d’analyser et de commenter. Plusieurs débats ont été organisés par les radios et les télévisions qui prenaient toujours le soin d’inviter les différents protagonistes sur le même plateau pour confrontations d’idées. La presse écrite n’a pas non plus dérogé à cette règle. Les journaux de la place ont dans plusieurs parutions offerts des tribunes d’expression aux différents hommes politiques.

Il faut reconnaitre que les journalistes, à l’exception de ceux de la télévision nationale et de la radio nationale, ont joui de la liberté de presse qui leur est reconnue dans l’exercice de leurs fonctions sans que des mesures disciplinaires ou des poursuites judiciaires ne soient engagé contre eux. La preuve ? Combien de médias ont été interpellés au cours des trois derniers mois, précédant la chute de Blaise Compaoré, pour diffamation ou tout autre manquement aux textes régissant la profession, dans le cadre du traitement de l’information portant sur la crise nationale? Certes, cela ne veut pas forcément dire que des erreurs n’ont pas été diffusées par les médias. Mais c’est déjà une chose de gagner qu’on n’ait pas interdit cette liberté d’expression.

Par ailleurs, certains medias ont bien saisi la situation politique pour se mettre en avant ou redorer leur blason. C’est le cas de la jeune Radio Omega qui pendant des jours, a tenu tous les burkinabè en alerte devenant la radio la plus écoutée. Elle a littéralement ravi la vedette à certaines radios comme Radio France Internationale, ou encore British Broadcasting Corporation (BBC). Pour une fois, les burkinabè n’étaient pas obligés à suivre l’actualité de leur pays sur des radios étrangères.

Si on peut féliciter l’équipe de cette jeune radio dont les journalistes viennent à peine de quitter les bancs de l’université, ce n’est pas le cas de leurs ainés des médias publics comme la Radiodiffusion Télévision du Burkina Faso qui sont passés à côté de leurs responsabilités sociales envers le public. Alors que la situation devenait de plus en plus tendue, ces médias ont privilégié des programmes de divertissement comme si elles voulaient cacher la réalité des faits à la population.

La télévision et la radio nationale ont fini par se forger une mauvaise réputation auprès des burkinabè qui ont fini par exprimer leur colère le 30 octobre. Ces derniers ont saccagés les studios de la télévision nationale lors de l’insurrection populaire. Une situation à déplorer mais qui doit nous pousser à réfléchir sur la mission des média d’Etat qui sont astreints aux mêmes responsabilités sociales que la presse privée.

Viviane Yiboula BAMA