Laz’art de l’espace culturel Gambidi

"Cinéma ou théâtre, c'est le jeu d'acteur que j'adore".

Lazare MINOUNGOU est un acteur comédien burkinabè, vivant en France. Issu d’une famille artistique et dévoué à la cause du cinéma burkinabè, nous avons échangé avec lui autour de sa carrière et du jeu d’acteur.

Le Décentreur (LD) : Qui est Lazare MINOUNGOU ?

Lazare MINOUNGOU (LM) : Je suis un comédien du théâtre et du cinéma. Pour en arriver là, j’ai d’abord fait des études littéraires à l’université de Ouagadougou. Mes études m’ont obtenu un DEUG 2 en sociologie. Ceci étant, je n’ai pas pu faire la licence parce que le climat d’une classe de plus de 800 personnes ne me convenait pas. De là, j’ai basculé dans le théâtre en faisant mes premiers pas au Théâtre de la fraternité du professeur  Jean Pierre GUINGANE.  Après six mois environ, j’ai été amené à jouer en Europe, et cela m’a donné de l’espoir.  Je suis également issue d’une famille artistique. Il faut le dire, l’initiateur des Récréathrales c’est mon grand frère Etienne MINOUNGOU.

LD : Comment avez-vous bâti votre jeune carrière ?

LM : Avant toute chose c’est la passion et la persévérance. C’est comme dans tout domaine. Pour moi ceux qui arrivent à se faire une place au soleil, sont ceux qui persévèrent. Dans ce sens, moi je suis très passionné par le théâtre, le cinéma et le jeu d’acteur. J’ai eu la chance d’avoir l’accompagnement de mes aînés tels Jean Pierre GUINGANE, Dany KOUYATE, Amadou BOURGOU. Grâce à leurs conseils et avec mon travail personnel je suis ce que je suis.

LD: La société burkinabè traite souvent les artistes de voyous. Qu’en pensez-vous ?

LM: Il faut accepter une certaine réalité. Il en est qui sont arrivé dans le domaine de l’art parce qu’ils ne savent pas où aller. Moi j’en connais. Alors que l’art c’est un domaine assez complexe. Il ne faut pas le subir, il faut en être acteur. Consciemment, aux jeunes qui  veulent  faire carrière dans le monde de la culture, moi je leur dirai d’y aller. Mais ils doivent savoir qu’au  Burkina Faso la société ne protège pas l’artiste, et donc ceux qui s’en sortent sont ceux qui se construisent eux même. Il faut avoir un bagage intellectuel assez fort,  une culture générale large et des rudiments de la culture. Tout cela contribuera à vous rendre polyvalent et donc bon.

LD: Quel a été le plateau qui a révélé Lazare MINOUNGOU ?

LM: C’est l’espace culturel Gambidi de Jean Pierre GUINGANE. J’y ai fait mes premiers pas, c’est là qu’est né le comédien que je suis. Ce n’est pas partout que l’on ouvre des espaces pour permettre aux jeunes de s’exprimer. Et cela nous le devons au professeur Jean-Pierre GUINGANE.

LD: La famille MINOUNGOU a la comédie dans le sang. Lazare MINOUNGOU est comédien par la force de la nature ou par la force du travail ?

LM: Pour ma part, je m’inspire profondément de mon père qui est un acteur pour moi. Par exemple dans SIRA de Apolline TRAORE, c’est mon père que je joue quand il est énervé. Je crois qu’il m’a transmis quelque chose et Dieu aidant j’ai trouvé la voie qui me convenait. C’est avec cette prédisposition que j’ai travaillé à rendre plus pointu mon talent.

LD : Quelle expérience avez-vous tiré en jouant un rôle de chef terroriste dans SIRA ?

LM : Tout comédien pour ce qui est de ma tendance veut le rôle, pas seulement un rôle mais le rôle. Moi je suis à la recherche fébrile, presque furieuse de rôle qui va me permettre de faire sortir tout ce dont je suis capable. Le scénario de SIRA me demandait de jouer un terroriste un violeur, un brigand. Ça c’est quelque chose, parce que tu sais que tu ne l’es pas, mais tu te dois d’incarner ce personnage. C’est là que commence le défi. Et moi en tant que comédien c’est cela que j’aime, le défi. J’ai essayé d’être le plus proche possible d’un terroriste, de rentrer dans son personnage, de rentrer dans ses réflexions, de rentrer dans sa manière d’être pour sortir ce que vous avez vu dans SIRA.

LD: Lazare MINOUNGOU a-t-il tout donné de son talent d’acteur ?

LM: Je ne suis pas encore satisfait en tant qu’acteur. Parce que je sais au fond de moi ce que je peux donner. Mais pour révéler toutes les différentes facettes de Lazare MINOUNGOU, il faut un scénariste et un réalisateur qui vont faire sortir de mon tréfonds un jeu inégalable.

LD : Conseilleriez-vous aux parents de laisser venir les enfants au théâtre ?

LM : Le théâtre, c’est une porte d’ouverture d’esprit. Ailleurs l’on utilise le théâtre pour éveiller les enfants. Par contre, il faut laisser libre cours à l’enfant de faire son choix. Aux jeunes qui veulent s’engager dans le domaine, je dirai que c’est un domaine compliqué. C’est un domaine libéral et au Burkina Faso, être artiste c’est difficile. Le théâtre est formateur mais pour y faire carrière il faut en avoir une passion presque sanglante pour pouvoir se révéler dans le théâtre.