Les pays sahéliens au défi de l’insécurité alimentaire

Des sahéliennes vannent des céréales

L ’Afrique de l’Ouest est la première puissance agricole de l’Afrique. Les pays sahéliens de la région sont éprouvés ces dernières années par une situation conjoncturelle. Le comportement actuel des Etats sahéliens laisse douter de leur sécurité alimentaire.

Le Programme national du secteur rural (P.N.S.R.) constitue le cadre de référence au sein duquel le Burkina Faso décline la politique agricole de la CEDEAO, l’ECOWAP-P.D.D.A.A. Mais le P.N.S.R. a aussi été élaboré en cohérence avec les engagements internationaux du pays et avec la politique agricole de l’U.E.M.O.A. Le P.N.S.R actualise et met en synergie un ensemble de cadres de programmation sous-sectoriels (élevage, plans d’action filières) ou thématiques (foncier, sécurité alimentaire, environnement, ressources en eau, etc.), généralement adoptés dans le cadre de la S.D.R. La Stratégie de développement rural, définie par le Gouvernement depuis 2003. Selon les statistiques de la BCEAO, publiées en 2020, la part du financement bancaire destiné au secteur agricole ne représente que 3,5%. C’est pour combler ce gap de financement que la Banque agricole du Faso (BADF) a été créée en 2018. Aussi, dans l’optique de disposer d’un instrument de financement des petits exploitants agricoles, il a été créé au sein de la BADF un guichet spécifique « Fonds de développement agricole (FDA) ».

La loi d’orientation agricole (L.O.A.), promulguée en 2006, est considérée comme le cadre fédérateur pour toutes les interventions publiques dans le domaine du développement rural du Mali. Le Programme national d’investissement agricole et de sécurité alimentaire (PNISA) représente le cadre de référence opérationnel pour la planification et la mise en œuvre performante de la L.O.A. L’état malien consacre, à l’agriculture, près de 16% de son budget, dépassant largement les objectifs définis à Maputo dans le cadre du NEPAD ( Nouveau Partenariat pour le Développement) de l’Afrique dès 2007. Cependant, les dernières politiques adoptées ont un coût très important, et ils sont nombreux les spécialistes qui doutent des capacités du Mali à dégager sur le long terme les ressources financières conséquentes nécessaires pour atteindre les objectifs ambitieux que le gouvernement a fixés. Malgré la dégradation de la sécurité dans le Nord Mali, la sécurité alimentaire globale est bonne depuis quelques années. Mais le pays doit faire face à une malnutrition persistante.

Vaste pays sahélo-saharien, le Niger est un pays enclavé qui couvre une superficie de 1 267000 km² dont seulement 1 % reçoit plus de 600 mm de pluie par an, alors que 89 % reçoit moins de 350 mms. Cependant le pays regorge d’importantes ressources en eaux souterraines et de surface dont seulement une petite partie est utilisée. Au Niger, plus de 80% de la population pratique l’agriculture. Pays à vocation Agro-Sylvo-Pastorale, le paradoxe de ce pays est que cette dernière ne couvre pas les besoins alimentaires de l’ensemble de la population d’où la récurrence de l’insécurité alimentaire dans de nombreuses zones du pays.
La plus part de la population qui s’investit dans l’agriculture au Niger n’a pas de moyens suffisants et nécessaires pour exploiter ces terres arables. Pour beaucoup, l’agriculture devient une activité de substance, un secteur de dernier recours, animé par une main d’œuvre peu qualifiée et très pauvre qui luttent pour la survie. Selon le magazine nigérien de l’économie et de l’entreprise : « Tant que le secteur tertiaire nigérien n’est pas au service de son secteur primaire, l’autosuffisance alimentaire serait irréalisable. Aussi, le solde commercial sera toujours déficitaire, du fait de l’importation des produits alimentaires ». En 2017 le président nigérien Mohammed BAZOUM consacrait 15 % du budget national à l’agriculture. Le pays est confronté, en raison de la pauvreté et de la dégradation régulière des moyens d’existence des ménages, à des crises alimentaires majeures. Compte tenu des enjeux que représente le secteur agricole au Niger, le développement rural et la sécurité alimentaire ont été au cœur des stratégies développées par les différents gouvernements successifs depuis l’indépendance du pays. Mais c’est avec l’avènement de la 7e République que les autorités nigériennes ont adopté la Stratégie pour la sécurité alimentaire et le développement agricole durable : Initiative 3N « les Nigériens nourrissent les Nigériens ». L’Initiative 3N bénéficie d’une forte adhésion tant des acteurs nationaux, que régionaux et internationaux.

Après plus de 50 ans d’indépendance aucun de ces trois pays n’a pu atteindre l’autosuffisance alimentaire. C’est une réalité qui implique autant les producteurs que l’exécutif.Excédentaire au début des années 2000, la balance commerciale agroalimentaire des pays sahéliens est devenue structurellement déficitaire depuis le milieu des années 2000. Cette dégradation accentue la dépendance alimentaire de la zone. Elle est imputable à une poussée de la demande impulsée par la croissance démographique et l’urbanisation, au faible degré et aux disparités de protection aux frontières et enfin, au renchérissement des prix des produits alimentaires importés. Une bonne partie des céréales importées nous vient de l’occident. Les prix des engrais ont considérablement augmenté depuis le début de la guerre entre la Russie et l’Ukraine. Compte tenu de la forte dépendance de la région à l’égard des importations de denrées, la crise alimentaire mondiale qui se profile frappera durement les sahéliens et détériorera davantage la sécurité alimentaire, en particulier pour les pauvres. Localement, les prix du riz, du blé, de l’huile, du sucre et d’autres importations de produits transformés ont déjà augmenté de 20 à 50 % dans différents pays de la zone sahélienne. Le PAM prédit qu’en Afrique de l’Ouest et  au Sahel, 7 à 10 millions de personnes supplémentaires pourraient souffrir d’insécurité alimentaire en raison des conséquences de la guerre. Or, avant même le début du conflit, les prévisions d’insécurité alimentaire pour le Sahel étaient inquiétantes. Les impacts de la crise sécuritaire dans la zone des trois frontières n’est pas en reste.