Médias et terrorisme : Le rôle des médias dans le traitement de l’information relative aux attaques terroristes

": Le journaliste doit rester professionnel dans la couverture médiatique des attaques terroristes"

Depuis 2015, le Burkina Faso fait face à des attaques terroristes. Cette situation met le travail des journalistes à rude épreuve. Nous nous sommes entretenus avec le journaliste Franck POUGBILA sur la question du traitement de l’information par les journalismes dans le cadre du terrorisme le 30 janvier 2023.

Le Décentreur : quel est le rôle des médias dans la couverture des attaques terroristes ?

Franck POUGBILA :  Les citoyens doivent être au parfum des informations relatives aux attaques terroristes. Ainsi, les médias doivent être au cœur de ces attaques, rendre compte des faits, mettre les autorités au courant, montrer la résilience de la population. Cependant les médias burkinabè mettent plus l’accent sur les causes des crises et moi je me suis spécialisé en 2020 à l’université de l’Ile en France en journalisme de solutions qui est une forme de pratique journalistique qui met l’accent sur les solutions de crise, la résilience de la population face à la crise. Récemment j’ai été alerté par des personnes dans la région du Centre -Sud qui disent que des hommes sont venus encercler une localité, cibler certaines personnes qui étaient au nombre de dix pour les abattre. La raison est qu’ils les soupçonnaient de cacher des armes dans la localité. Ici le journaliste va relater les faits et lutter contre la stigmatisation qui est un danger pour la sécurité du pays. Il invite la population à la cohésion sociale. La plume du journaliste est une arme efficace de dénonciation, de sensibilisation et de lutte en cas de crise.

Le Décentreur : Comment faites-vous le choix des photos d’illustration dans vos articles en cas d’attaque ?

Franck POUGBILA : Le journaliste doit rester professionnel dans la couverture médiatique des attaques terroristes. Il doit légender la photo pour ne pas porter confusion. Par exemple la photo d’un militaire non légendée peut avoir plusieurs interprétations : est-il mort ? A-t-il survécu à une attaque terroriste ? Eviter les photos qui peuvent exposer les parties prenantes comme les détachements militaires. Ne pas exposer les points stratégiques, les témoins. Prendre le témoin de dos ou le flouter. Eviter à travers les photos d’illustration de faire l’apologie des terroristes.

Le Décentreur : Quelles sont les difficultés que rencontrent les journalistes lors des couvertures médiatiques des attaques terroristes ?  

Franck POUGBILA : Les difficultés sont d’ordre professionnel.  Le manque de formation sur les techniques de survie en cas d’attaque sur le terrain, fait que certains journalistes évitent d’aller sur le terrain. Il y a aussi les difficultés d’ordre économique. Un journaliste, pour aller en zone menacée doit prendre toutes ces précautions telles que trouver un local sécurisé, un guide, avoir des contacts dans la localité pour ne pas être soupçonné de complicité avec les terroristes. La peur de certains organes de publier des articles en rapport avec le terrorisme. Je prends un cas précis, quand je travaillais dans un media dont je préfère taire le nom, j’ai interviewé une victime d’attaque terrorisme qui, de Pissila s’est retrouvé à Ouagadougou. Il raconte avoir refusé une proposition de rejoindre le camp   des terroristes. Le média a refusé la publication de l’article par peur de mettre la victime en danger. On peut ajouter les difficultés d’ordre politique où les journalistes sont obligés de fermer leurs ‘’gueules’’ pour leur sécurité.

BOUDA Hulda Geraldine

SONOGO Djénéba