Le 31 octobre restera certainement la date d’un tournant décisif dans l’histoire du Burkina Faso. Après 27 ans de règne, Blaise COMPAORE a été contraint à la démission suite à une insurrection populaire. S’en est suivi des tractations pour assurer la transition. Faisant office de chef d’Etat, le lieutenant-colonel Yacouba Isaac ZIDA a entamé une série de concertations inclusives. Cependant, les réalités du terrain ont montré autre chose.
On l’aurait titré « un pays, trois présidents » aux premières heures si c’était dans un film. Mais, les choses ont été vite ressaisies. Blaise Compaoré contraint à la démission laisse place à une cacophonie pour sa succession. D’abord, c’est le nom du Général à la retraite, Kouamé Lougué qui est scandé à la place de la révolution par la foule. Dans le même temps, le Chef d’état major des armées, le Général Honoré Nabéré TRAORE monte au créneau sous l’appel de la foule pour que l’armée prenne ses responsabilités, avant d’être dépassé par le Lieutenant-colonel Yacouba Isaac ZIDA, numéro 2 du régiment de sécurité présidentielle. A l’issue des concertations au sein de l’armée, c’est finalement ce dernier qui est proclamé chef de l’Etat.
Très vite, des voix s’élèvent notamment du côté de l’opposition politique et de la société civile pour réclamer une transition civile et non militaire parce qu’estiment-ils, l’insurrection populaire a été civile et la transition se doit de l’être. Dans le cas contraire, il s’agirait de coup d’Etat. Toute chose contraire aux textes de la communauté internationale.
Face à la pression internationale et nationale, le Lieutenant-colonel Yacouba Isaac ZIDA s’attèle pour l’installation d’un civil à la tête de la transition. Des concertations sont entreprises pour faire comprendre la situation politique en cours aux différents acteurs de la vie nationale mais aussi pour former un gouvernement consensuel de transition. Ces dialogues se veulent larges prenant en compte tous les fils et filles du Faso. On parle donc d’une concertation inclusive.
Mais la société civile et l’opposition ont rejeté toute idée de table ronde avec l’ex parti majoritaire : le CDP (Congrès pour la Démocratie et le Progrès).Selon les responsables des deux forces sociales qui se sont exprimées à l’issue d’une rencontre, qui a tourné court, le mercredi 5 novembre, c’est le CDP qui est à l’origine des troubles. Toutefois d’autres voix demandaient que la distinction soit faite entre ceux du parti qui se sont illustrés négativement à travers des propos va-t-en-guerre, et les individualités innocentes et de bonne foi.
Il faut dire qu’au lendemain immédiat du départ de Blaise Compaoré les esprits étaient plutôt surchauffés, comme le souligne Adama Sosso un leader de l’opposition : « Par principe, on ne peut pas aller vers le développement en laissant de côté certains fils du pays mais ce qui est arrivé est de leur faute. Il va falloir patienter ». Même si le rôle joué par certains de ses collègues députés de la majorité dans le blocage du projet de loi portant modification de l’article 37 reste une réalité. « Il y a des députés qui ont lutté pour que la loi ne passe pas. On se connait. Au moment opportun, vous les saurez…». Zakaria Tiemtoré, vice-président de l’ADF/RDA (Alliance pour la Démocratie et la Fédération/ Rassemblement Démocratique Africain) dit comprendre la réaction des uns et autres qui selon lui est « émotionnelle » car « certains sont touchés dans leur amour propre à travers des dégâts, et d’autres conduits par la quête permanente du pouvoir d’Etat ». Aujourd’hui, les choses semblent se calmer. L’ex mouvance de la majorité a intégré le processus de transition à travers une représentation au conseil national de la transition. L’ADF/RDA vient de demander pardon au peuple burkinabè pour avoir soutenu la révision de la constitution.
Le Lieutenant-colonel Yacouba Isaac ZIDA, alors chef de l’Etat avant de devenir premier Ministre, avait donné le ton lors d’une conférence de presse. « On ne peut pas avancer en laissant des fils du Burkina Faso derrière nous ».
Gageons que le processus de transition actuellement en cours soudera réellement les fils et fille de notre cher Faso.
Ousmane DRABO
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