SIAO 2023: Mahamadou Elmihidi Traoré« le SIAO n’est plus un bébé »

"La base de l’Afrique c’est son artisanat". M. Traoré

Le SIAO est aussi bien un cadre d’exposition de talent artistiques qu’un cadre de grandes rencontres, de découverte et de partage d’expérience. A cette 16e édition, nous avons rencontré Mahamadou Elmihidi Traoré, artisan designer de conception, président de la chambre des métiers de la commune une, secrétaire administratif de l’assemblée permanente de chambre du métier du Mali et l’artisan chargé de la gestion du stand du Mali au SIAO.

Monsieur Traoré, un produit du SIAO interpelle les autorités nationales et les artisans à travailler afin de mieux conserver cette initiative de référence.

« Il faut qu’à chaque édition on renouvelle nos produits » M. Traoré

Le Décentreur: Monsieur Traoré, parlez-nous de votre histoire avec le SIAO.

M. Traoré : Le SIAO est l’espace qui m’a donné un lieu d’expression. J’ai participé au salon depuis 1998. J’ai eu 11 à 13 prix internationaux. J’ai eu le prix de l’Union africaine en 2004, le prix BACB en 2006, le prix UEMOA, le prix BOAD en 2008, en 2010 J’ai eu le prix WAPEHI, en 2014-2016, le prix de la meilleure œuvre d’artisanat d’art et aujourd’hui je suis nominé au pavillon de la créativité (…).

Le Décentreur:  Après les années de sautés, quel sentiment vous anime de retrouver le SIAO ?

M. Traoré : Pour moi, les quatre ans sans le SIAO, c’est comme si quelque chose nous a manqué. En Afrique, il n’y a pas un espace comme celui-ci où les artisans se confrontent. Et si tu veux savoir ce qui se passe au Niger, ce qui se passe en Côte d’Ivoire, ce qui se passe en Guinée, c’est au SIAO. Vous avez tout cet espace, la latitude d’apprécier et de comparer vous-même ce que vous faites par rapport aux autres. Donc, pour nous, le SIAO il fallait le créer. Et maintenant qu’il est créé, il faut vraiment l’entretenir. C’est pour l’Afrique. En 2020, quand il N’y n’a pas eu le SIAO, c’est comme s’il y a eu quelque chose qui a manqué dans notre ration alimentaire (…) Pour être permanemment en contact et jauger l’évolution de l’artisanat africain il faut être au SIAO (…).

Le Décentreur: Parlez-nous un peu de vous en tant qu’artiste. Que produisez-vous concrètement ?

M. Traoré : De prime abord, je travaille la calebasse. Mon premier prix que J’ai eu en 2004, le prix de l’Union africaine, 5000 dollars c’est sur les tablettes en calebasse multifonctionnelles. Après, en 2006, je suis le monsieur, l’africain qui fait les frigos en calebasse (…) A travers mes recherches, j’ai su qu’elle est isolant thermique naturelle, elle stabilise la température. C’est pour cela qu’on l’a adaptée à la technologie du froid et qu’on l’a utilisé pour faire des frigos design calebasse.

Le Décentreur: Qu’est-ce qui vous a conduit à la calebasse ?

M. Traoré : Ce qui m’a amené vers la calebasse se sont ses atouts naturels. Mon père était fonctionnaire. Quand je partais en vacances on mangeait, le reste du plat, ma grand-mère suspendait dans une calebasse et le matin on remangeait ça (…). En plus, la calebasse épure naturellement l’eau et la boisson (…).

Le Décentreur: Le doyen que vous êtes avez un message particulier en cette édition du SIAO ?

M. Traoré : D’abord aux autorités burkinabé. Le SIAO n’est plus un bébé, il devient une référence, un repère. Le report a causé beaucoup de dommages dans le monde artisanal. On sait que c’est normal. On sait qu’il y a des conditions de sécurité, mais pensez aussi à ce que le SIAO est pour les autres. Le report, si vous saviez ce que cela a causé en vos artisans vous ne l’auriez jamais reporté. (…) L’insécurité il faut vivre avec, il faut faire avec car le SIAO est un espace qu’on ne trouve nulle part ailleurs, c’est notre université, c’est notre lieu de rencontre.

Aux artisans, le SIAO est un espace d’expositions. Cela demande de la dextérité et de l’excellence. On nous donne une chance de vendre, mais il faut qu’à chaque édition on renouvelle nos produits. On excelle dans la conception pour avoir d’autres marchés. Tu ne peux accéder à des marchés nulle part ailleurs en Afrique comme au SIAO (…). Venez au SIAO, mais faites un effort sur vous. Innovez chaque fois que vous venez pour qu’on s’impose dans le monde (…) La base de l’Afrique c’est son artisanat.