Après le régime Blaise Compaoré, bonjour la bataille pour les élections de 2015. C’est l’une des observations que l’on peut faire de l’actualité de la politique nationale au Burkina Faso. Entre conquête de militants et tensions entre les ex. partis politiques de l’opposition, une lutte farouche mais silencieuse semble engagée entre les états major des partis politiques avant le début officiel des campagnes électorales de fin 2015. Au rang de ces dominateurs, figure en bonne place le Mouvement du Peuple pour le Progrès (MPP). Mais le parcours reste encore long à parcourir jusqu’aux élections.
Depuis que le peuple burkinabé a mis fin au pouvoir de Blaise Compaoré, tout semble bien parti pour le MPP. Alors que le Burkina n’avait pas encore versé sa dernière larme suite aux victimes de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre dernier, le mouvement pour le peuple et le progrès entreprend des tournées à connotation de campagne électorale dans les différentes localités du pays. Ces tournées avaient pour but de remercier les militants pour leur détermination pour la lutte qui a conduit à la démission de Blaise Compaoré et les préparer à affronter les échéances électorales prochaines.
L’on a constaté très vite que le renversement de Blaise Compaoré qui a été une lutte de l’ensemble du peuple devenait par moment un prétexte de précampagne pour les ex. compagnons de Blaise. Lors d’une visite à Bobo-Dioulasso, Salif Diallo, N°2 du MPP a laissé entendre que le parti a perdu 17 de ses militants dans les soulèvements. Cet argument de mobilisation a été vite battu en brèche par des organisations de la société civile comme le balai citoyen et Zépherin DIABRE, président de l’Union pour le Progrès et le Changement qui mettaient en garde le MPP contre l’utilisation de l’insurrection populaire pour leur stratégie de mobilisation. Qu’à cela ne tienne, le parti de Roch Marc Christian KABORE a enfourché sa monture et l’installation des structures de base du parti vont bon train.
A quelques semaines de son premier anniversaire, le parti continue d’enregistrer des nouveaux adhérents comme le rassurait son président Roch Marc Christian Kaboré au journal 20h du vendredi 26 décembre sur les antennes de la Télévision du Burkina: « Nous avons reçu des demandes d’adhésion que nous analysons. Pour nous, c’est un retour à la maison ; puisqu’ils étaient en mission. Il y en a qui était des députés ou maires. »
La suspension du CDP est-elle du pain béni pour le MPP ? Joint au téléphone, le chargé de communication du MPP, Souleymane Sawadogo dit ne pas pouvoir nous assurer une interview avec les responsables du parti sur la suspension du CDP et l’ADF RDA. « En ce qui concerne la suspension des partis, nous refusons de donner notre point de vue. Mais si c’est autre sujet, il n’ya aucun souci » dit-il. Du reste, le parti réaffirme dans sa déclaration du 02 novembre 2014 suite à la démission de Blaise Compaoré, affirmant qu’il reste attaché à une transition prenant en compte toutes les sensibilités de la population burkinabé.
Rien n’est gagné à l’avance
Une semaine après la suspension du CDP et de l’ADF-RDA, Ablassé Ouédraogo, président du parti Faso Autrement a publié une déclaration qui a choqué plus d’une personne. Il y salue la mesure gouvernementale mais reste tout de même sur sa soif Et invite les autorités habilitées à suspendre ces partis et les anciens membres de la majorité présidentielle pour les prochaines échéances électorales. L’ancien ministre des affaires étrangères de Blaise Compaoré justifie ses propos par les actions et propos tenus par ceux qu’il appelle « opposants de la 25ème heure ».
Cette déclaration qui a eu l’effet d’une bombe se révèle comme un boomerang pour son auteur que d’aucuns considèrent comme ayant été lui aussi dignitaire de l’ex parti majoritaire ; et révèle un peu plus la nature des relations entre les ex. partis de l’opposition. En réaction à la déclaration d’Ablassé Ouédraogo, des militants du MPP ont posté sur les réseaux sociaux, la carte de militant CDP du patron de Faso Autrement.
L’on se rappelle aussi que récemment, le patron de l’UPC interpellait le même MPP sur ses agissements sur le terrain. Le secrétaire à la jeunesse de son parti, Abdoulaye MOSSE, a même sur la page Facebook du parti le post suivant : « MPP=CDP »
Ce n’est donc pas un boulevard qui se dessine devant le MPP avec le départ de Blaise Compaoré. Et s’il n’y prend garde, la conquête du pouvoir en 2015 sera plus compliquée et les résultats des élections contrediront l’un des slogans du parti « N’ayez pas peur, demain sera meilleur ! ».
Ousmane Drabo
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